Hinterland (SB019) by Cyril Meysson

SB019 / Hinterland • Cyril Meysson

"Cyril Meysson, qu'on a pu écouter dans le trio Noyades ou dans le duo Magrava, nous livre ici deux pièces issues de moments collectifs qui ont pour point de départ l'improvisation.
On entend, au-delà ou en-deçà de la guitare électrique, des corps se mouvoir, des choses secouées, des craquements qui habitent l'espace— juste là, dans le fond. Autant de gestes dont on aura que l'image auditive, comme dans le noir...
Hinterland a la saveur d'un voyage à l'aveugle : la guitare est sourde, proche, comme une lumière qui éclairerait à peine nos propres pieds.
La progression des textures du premier morceau pourrait être la progression entre différentes couches terrestres, ou entre différentes qualités de pierres. Parfois friable, parfois humide, parfois brûlante.
Le deuxième morceau, plus aéré que le premier, nous laisserait presque, à son début, rejoindre une rivière souterraine et percer la surface.
Les deux morceaux ne requièrent pas plus d'illustrations ou de scénarios, car ils font davantage appel aux sentirs et à nos perceptions : on y avance à tâtons, traversant et traversés, ce qui lie auditeur·rice·s avec ce que peut-être le moment d'improvisation collective.
On sait jamais ce qui arrive, mieux vaut, au cas où, rester à l'écoute." —Léonie Risjeterre

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Texte de présentation par Cyril Meysson:
"Pendant longtemps, je me suis trouvé désemparé face à l'exercice de l'enregistrement solo. Même en choisissant de diriger au maximum le résultat vers quelque chose de préalablement fixé, impossible de ressentir un quelconque sentiment d'achèvement. Rien qui ne me retienne de supprimer les fichiers, d'effacer les bandes, sauf tout au plus que l'intuition d'une idée à creuser.

Les enregistrements qui suivent sont le résultat de semaines de travail avec le collectif Hinterland, mêlant expressions corporelles, plastiques, visuelles, sonores et parfois textuelles. Divergeant de l'établissement d'une performance fixée et déclinable, notre travail s'est progressivement orienté vers une forme de laboratoire en communauté : chaque personne pouvant apporter son travail pour le confronter, le mêler à l'effervescence collective. Le thème de la trace en elle-même a émergé comme point commun à nos recherches, et s'est mis en place comme dans tout laboratoire, un système malléable de documentation et d'archivage de ce qui s'y tramait, en réponse aux traces des corps et de leurs mouvements qui se formaient sur les tissus, les matières plastiques et digitales.

Ainsi les morceaux suivants sont-ils moins des improvisations scéniques que l'accompagnement devenu quotidien des recherches du collectif, passant de la forme de groupe total à celle d'additions et de soustractions spontanées d'individus autour de recherches communes.
Ce retour à une certaine forme fonctionnelle de la musique a eu pour moi un effet totalement libérateur, en ce qu'il conférait un sens à l'acte même de jouer et d'archiver celui-ci. Ainsi, ce n'est pas une quelconque disparition de l'individu dans le collectif qui opère, mais le contournement de tout le rituel de l'enregistrement et de l'improvisation par la quotidienneté et l'inscription de cet acte dans une communauté. Et c'est précisément ce contournement qui me permet d'en présenter des extraits aujourd'hui."

Folk, improvised and experimental music from Strasbourg, France, since 2015.